Droit des marques et smiley : une décision qui fait sourire !

Le dépôt d'une marque répond à de nombreuses conditions qui doivent faire l'objet d'une véritable analyse juridique. A cet égard, la Cour d’appel de Paris vient de rendre une décision plutôt croustillante en la matière...

En l’espèce, la société canadienne Mac Cain Foods souhaitait faire enregistrer auprès de l’Institut National de la Propriété Industrielle (INPI) une marque figurative représentant ses chips de pomme de terre en forme de « smiley », signe couramment utilisé dans notre communication quotidienne.

Cette demande d’enregistrement a toutefois été rejetée par l’INPI au motif que ce signe figuratif, pour désigner notamment des produits à base de pommes de terre ne pouvait constituer une marque « en ce qu’il n’est pas apte à distinguer ces produits de ceux d’un autre opérateur économique car il sera appréhendé par le consommateur moyen comme désignant une caractéristique des produits concernés ».

La société Mac Cain a alors saisi la Cour d’appel de Paris en argumentant qu’un tel signe figuratif était au contraire par essence distinctif, et que son esthétique retenait particulièrement l’attention du consommateur.

Dans une décision du 11 février 2022*, la Cour d’appel a cependant confirmé la décision de l’INPI en affirmant qu’un consommateur dit « moyen » ne serait pas en mesure de distinguer ces produits de ceux d’une autre entreprise, ce smiley étant habituellement utilisé dans le commerce pour véhiculer des messages positifs et présenter la vente de produits divers et variés, alimentaires ou non.

Effectivement, l’utilisation de ce « smiley » fait quasiment partie de notre langage courant !

Aussi, il a été relevé qu’antérieurement au dépôt du signe dont il est question, de nombreux « smileys » avaient déjà pu être apposés sur des emballages de produits alimentaires (bonbons, burgers, chips, céréales etc) à des fins promotionnelles de sorte qu’un tel signe ne pouvait faire l’objet d’une appropriation privative et devait rester à la disposition de tous.

Conclusion : le dépôt d’une marque doit toujours faire l’objet d’une attention particulière pour veiller notamment à ce que le signe envisagé remplisse la fonction première d’une marque qui est d’identifier des produits et services d’une personne et de les différencier de ceux d’une autre personne!

Par Carla Ruffino, stagiaire et étudiante en Master 1 droit du numérique à l’Université d’Aix-Marseille.

*Cour d’appel de Paris, 11 février 2022, n°21/05519

 

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Julie Gautier

Avocate collaboratrice

Inscrite au barreau de Marseille depuis 2021, Julie possède un Master 1 en droit des affaires, un Master 2 en droit de la propriété intellectuelle ainsi qu’un DJCE. Ses expériences au sein de Cabinets d’avocats et d’entreprises comme le Groupe M6 lui permettent de saisir les enjeux complexes de la propriété intellectuelle et d’accompagner les créateurs et entrepreneurs dans leurs besoins en la matière.

Egalement médiatrice, cette compétence enrichit sa pratique du droit pour faciliter le dialogue en cas de conflit et favoriser des solutions amiables et créatives.

Passionnée par la transmission, Julie intervient en tant que chargée d’enseignement au sein du Groupe Mediaschool où elle enseigne le droit du numérique. Elle accompagne aussi régulièrement les étudiants dans leur orientation professionnelle via la plateforme Myjobglasses pour partager son expérience.

En parallèle de son activité, Julie a été membre élue de la Commission du Jeune Barreau de Marseille de 2021 à 2024 et est membre de plusieurs associations, dont :

Julie adore l’artisanat et la culture provençale, et aime participer à la protection de ces domaines. Elle pratique également le yoga et la randonnée, des activités qui renforcent la concentration et la persévérance, des qualités essentielles pour exercer la profession d’avocat.

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