Inefficacité d’un accord de confidentialité qui ne contient pas de précisions sur les informations couvertes par le secret

Lors d’une négociation commerciale, les accords de confidentialité ont vocation à protéger ce qui n’est pas légalement protégeable par voie de dépôt : inventions non brevetables, savoir-faire, tours de main, etc. mais également les informations stratégiques pour l’entreprise (données comptables, juridiques, financières, etc.). Ils obligent le destinataire d’une information confidentielle à ne pas la divulguer, pour une période donnée et pour quelque motif que ce soit.

Outre les précisions qui doivent figurer dans l’accord s’agissant des moyens exigés de protection des informations ainsi que la liste restrictive et exhaustive des personnes y ayant accès, doivent figurer très précisément et nommément les informations couvertes par la confidentialité afin qu’elles soient opposables au débiteur de l’obligation.

Telle est l’enseignement qui est rappelé par le TGI de Nanterre le 2 octobre 2014.

Une société disposant d’un savoir-faire très particulier dans le domaine des sites internet immobiliers entre en pourparlers avec le directeur commercial d’une autre société dans le cadre d’un éventuel partenariat.

Un contrat de confidentialité est signé entre les parties mais cet acte ne mentionne pas quelles sont précisément les informations confidentielles.

L’accord se contente d’obliger le directeur commercial à ne pas divulguer « les » informations qui lui seront transmises.

Les négociations échouent et le directeur commercial de la société seconde fonde une société qui développe un site internet reprenant les caractéristiques techniques prétendument « secrètes » du site internet préexistant.

Une action en violation de l’accord de confidentialité et concurrence déloyale est donc engagée à son encontre.

Le Tribunal de Grande Instance rappelle que n’est pas remis en cause le fait que le Président de la nouvelle société soit effectivement tenu d’une obligation de confidentialité au terme de l’accord signé avec la société première, obligation à laquelle ce dernier s’est obligé en son nom personnel.

Cependant, il n’est pas indiqué « quelles seraient les informations confidentielles en question qui auraient été dévoilées et utilisées fautivement ».

« Il s’ensuit que, faute d’alléguer de façon suffisamment précise les faits propres à les fonder, ses prétentions ne peuvent être accueillies ».

Le Président de la nouvelle société n’est donc pas condamné.

Cette décision rappelle, à juste titre, l’importance de l’identification claire, exhaustive et non-équivoque des informations couvertes par la confidentialité souhaitée par celui qui les communique à l’autre partie. Le défaut de précision emporte une sanction immédiate : À défaut de précision, le savoir-faire communiqué à l’autre partie n’est pas protégé.

Il conviendra donc aux entreprises de veiller à apporter un soin particulier à la rédaction de ces accords qui sont d’une importance capitale dans les négociations commerciales.

Par Alain GODEMENT, stagiaire

TGI Nanterre, 1ère Ch., 2 octobre 2014

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Julie Gautier

Avocate collaboratrice

Inscrite au barreau de Marseille depuis 2021, Julie possède un Master 1 en droit des affaires, un Master 2 en droit de la propriété intellectuelle ainsi qu’un DJCE. Ses expériences au sein de Cabinets d’avocats et d’entreprises comme le Groupe M6 lui permettent de saisir les enjeux complexes de la propriété intellectuelle et d’accompagner les créateurs et entrepreneurs dans leurs besoins en la matière.

Egalement médiatrice, cette compétence enrichit sa pratique du droit pour faciliter le dialogue en cas de conflit et favoriser des solutions amiables et créatives.

Passionnée par la transmission, Julie intervient en tant que chargée d’enseignement au sein du Groupe Mediaschool où elle enseigne le droit du numérique. Elle accompagne aussi régulièrement les étudiants dans leur orientation professionnelle via la plateforme Myjobglasses pour partager son expérience.

En parallèle de son activité, Julie a été membre élue de la Commission du Jeune Barreau de Marseille de 2021 à 2024 et est membre de plusieurs associations, dont :

Julie adore l’artisanat et la culture provençale, et aime participer à la protection de ces domaines. Elle pratique également le yoga et la randonnée, des activités qui renforcent la concentration et la persévérance, des qualités essentielles pour exercer la profession d’avocat.

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