Joli « Klein » d’œil au droit des marques

Actuellement exposé à l’Hôtel Caumont d’Aix-en-Provence, le célèbre peintre Yves Klein est connu pour son célèbre « bleu » breveté qui porte le même nom. Moins connues, les marques patronymiques « YVES KLEIN » sont pourtant déposées et les ayants droit de l’artiste n’hésitent pas à les défendre. Illustration avec un arrêt récent de la Cour d’appel de Paris.

Après avoir découvert la commercialisation par une société française d’un panneau mural bleu intitulé « KLEIN AU PARADIS », les ayants droit d’Yves Klein, titulaires des marques françaises et de l’Union européenne « YVES KLEIN » désignant notamment des papiers peints, ont mis en demeure cette société puis l’ont assignée en contrefaçon de marques, parasitisme et atteinte au nom patronymique.

Alors que le Tribunal judiciaire de Paris avait rejeté la demande en contrefaçon des marques, la Cour d’appel va au contraire l’accueillir en jugeant que :

  • L’élément d’attaque des signes en cause est le patronyme « KLEIN » qui, sur le plan visuel et phonétique, a une place prépondérante ;
  • Conceptuellement, les deux signes font expressément référence à l’artiste Yves Klein ;

Et en déduire que l’utilisation du signe « YVES KLEIN AU PARADIS » pour désigner un produit identique ou très fortement similaire à ceux visés par les marques opposées entraîne dans l’esprit du public acheteur de papiers muraux un risque de confusion quant à l’origine des produits.

Sur le parasitisme, les ayants droits reprochaient à la défenderesse i) la reprise d’une citation de Yves Klein, ii) le fait que le panneau mural rappelait l’univers de l’artiste et iii) l’utilisation de coloris identifiés dénommés « BLEU KLEIN » ou « KLEIN ».

Contrairement au Tribunal qui avait accueilli leur demande sur ce fondement, la Cour d’appel va au contraire infirmer le jugement au motif que :

  • Aucun investissement financier n’est justifié dans la mesure où les créations et citations litigieuses sont le fait de l’artiste Yves Klein et non des sociétés ayants-droits qui ont été créées plus de 50 ans après le décès de l’artiste ;
  • Aucune preuve d’actions ou d’investissements pour maintenir la notoriété de l’artiste n’est rapportée.

Enfin, sur l’attente portée au nom patronymique, la Cour d’appel confirme le jugement qui avait retenu que « si le droit au nom est essentiellement attaché à la personne de son titulaire et s’éteint en principe avec le décès de celui-ci, il peut également présenter un caractère patrimonial qui permet d’en monnayer l’exploitation commerciale et se transmet aux héritiers, et que par ailleurs les descendants d’une personne défunte sont ainsi en droit de protéger sa mémoire, sa réputation et sa pensée ».

Attention aux conséquences résultant de l’utilisation d’une marque déposée ou d’un nom patronymique célèbre pour promouvoir votre activité !

Vous avez un doute ? Notre équipe experte en droit de la propriété intellectuelle répondra à toutes vos interrogations.

Par Me Julie Gautier, Avocate au Barreau de Marseille

Cour d’appel de Paris 6 janvier 2023 n° RG 2103680

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Julie Gautier

Avocate collaboratrice

Inscrite au barreau de Marseille depuis 2021, Julie possède un Master 1 en droit des affaires, un Master 2 en droit de la propriété intellectuelle ainsi qu’un DJCE. Ses expériences au sein de Cabinets d’avocats et d’entreprises comme le Groupe M6 lui permettent de saisir les enjeux complexes de la propriété intellectuelle et d’accompagner les créateurs et entrepreneurs dans leurs besoins en la matière.

Egalement médiatrice, cette compétence enrichit sa pratique du droit pour faciliter le dialogue en cas de conflit et favoriser des solutions amiables et créatives.

Passionnée par la transmission, Julie intervient en tant que chargée d’enseignement au sein du Groupe Mediaschool où elle enseigne le droit du numérique. Elle accompagne aussi régulièrement les étudiants dans leur orientation professionnelle via la plateforme Myjobglasses pour partager son expérience.

En parallèle de son activité, Julie a été membre élue de la Commission du Jeune Barreau de Marseille de 2021 à 2024 et est membre de plusieurs associations, dont :

Julie adore l’artisanat et la culture provençale, et aime participer à la protection de ces domaines. Elle pratique également le yoga et la randonnée, des activités qui renforcent la concentration et la persévérance, des qualités essentielles pour exercer la profession d’avocat.

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