L’absence de caractère distinctif de la marque « GIANT »

Le caractère distinctif d'une marque permet aux consommateurs de différencier l’origine des produits et services et de les distinguer de ceux des concurrents. Le Code de la propriété intellectuelle interdit ainsi de s’approprier un signe nécessaire et habituellement utilisé pour désigner un produit ou un service.

En l’espèce, les sociétés Quick sont titulaires de la marque internationale « GIANT » couvrant la France et déposée en 2006. En 2011, la société Sodebo a déposé auprès de l’Institut National de la Propriété Industrielle (l’INPI), la marque « Pizza Giant Sodebo » pour désigner divers produits alimentaires.

Les sociétés Quick ont alors assigné la société Sodebo en contrefaçon de la marque « GIANT », en annulation de la marque « Pizza Giant Sodebo » et en concurrence déloyale et parasitaire.

De son côté, la société Sodebo a demandé reconventionnellement l’annulation de la partie française de la marque « GIANT » pour défaut de distinctivité.

Faisant droit à la demande la société Sodebo, la Cour d’appel de Paris a annulé la marque « GIANT » des sociétés Quick pour défaut de distinctivité dudit signe. Elle s’est en effet fondée sur le fait qu’il il est assez banal que la dénomination en anglais du produit soit relative à ses caractéristiques et que cette banalité impose que cet usage reste à la disposition de toutes les personnes qui exercent leur activité dans le secteur alimentaire. À la date du dépôt de la marque « GIANT », l’adjectif anglais était ainsi nécessairement compris par le consommateur francophone d’articles de « fast food » comme signifiant « géant » et, par extension, « énorme ». Cet adjectif désignait donc une caractéristique, à savoir la quantité des produits désignés par la marque. La Cour d’appel a retenu également que les sociétés Quick n’avaient pas démontré un risque de confusion entre les produits concurrents ce qui, selon elle, écartait toute concurrence déloyale et parasitaire.

Les sociétés Quick ont alors formé un pourvoi en cassation.

Par un arrêt en date du 27 janvier 2021,[1] la Cour de cassation rejette la demande relative à la contrefaçon. Elle juge en effet que même si les signes de la gamme « GIANT » ont bénéficié d’un usage continu, intense et de longue durée, ainsi que d’un important investissement publicitaire, il n’est pas établi que ce signe ait été connu et identifié par le public pertinent en tant que marque dans la mesure où il désigne une caractéristique quantitative des produits vendus.

En revanche, la Cour accueille la demande des sociétés Quick au titre des agissements parasitaires en rappelant que le succès de l’action en responsabilité est ouverte à celui qui ne peut se prévaloir de droits privatifs et n’est pas subordonnée à l’existence d’un risque de confusion.

Cette décision rappelle ainsi l’importance de choisir, dès le début de son activité, une marque distinctive pour couvrir ses produits et services!

[1] Cour de cassation, 27 janvier 2021, n°18-20.702

 

Par Jasmine Hadir, stagiaire.

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Julie Gautier

Avocate collaboratrice

Inscrite au barreau de Marseille depuis 2021, Julie possède un Master 1 en droit des affaires, un Master 2 en droit de la propriété intellectuelle ainsi qu’un DJCE. Ses expériences au sein de Cabinets d’avocats et d’entreprises comme le Groupe M6 lui permettent de saisir les enjeux complexes de la propriété intellectuelle et d’accompagner les créateurs et entrepreneurs dans leurs besoins en la matière.

Egalement médiatrice, cette compétence enrichit sa pratique du droit pour faciliter le dialogue en cas de conflit et favoriser des solutions amiables et créatives.

Passionnée par la transmission, Julie intervient en tant que chargée d’enseignement au sein du Groupe Mediaschool où elle enseigne le droit du numérique. Elle accompagne aussi régulièrement les étudiants dans leur orientation professionnelle via la plateforme Myjobglasses pour partager son expérience.

En parallèle de son activité, Julie a été membre élue de la Commission du Jeune Barreau de Marseille de 2021 à 2024 et est membre de plusieurs associations, dont :

Julie adore l’artisanat et la culture provençale, et aime participer à la protection de ces domaines. Elle pratique également le yoga et la randonnée, des activités qui renforcent la concentration et la persévérance, des qualités essentielles pour exercer la profession d’avocat.

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