Le titre confronté au droit des marques

Le logo du nouveau film « TENET » de Christopher Nolan n’a pas été apprécié par le gérant de l’entreprise américaine « Tenet Component » qui a reproché au réalisateur d’avoir utilisé à l’identique sa marque. Si cette affaire n’a pas été portée devant les juridictions américaines en raison de la modification du logo litigieux par le réalisateur, il est fréquent que ce genre de cas arrive en justice. Aperçu rapide du principe qui gouverne la reprise d’une marque dans le titre d’une œuvre.
Logo de Tenet Component
Logo du film

Il est loisible au titulaire d’une marque de vouloir agir en contrefaçon, ou du moins de s’opposer à la reprise de son signe en tout ou partie au sein d’un titre.

Au regard du droit français, ce dernier se heurtera toutefois au principe selon lequel il ne s’agit pas d’un usage à titre de marque.

Pour rappel, l’usage non autorisé d’un signe n’est constitutif de contrefaçon qu’à la condition, notamment, d’être exploité à titre de marque.

Concernant le titre d’une œuvre, il est de jurisprudence constante qu’il n’est pas en lui-même constitutif d’un usage à titre de marque et ne constitue donc pas automatiquement une contrefaçon.

Le Tribunal de Grande Instance de Paris a ainsi jugé récemment que l’usage du signe « Le bureau des légendes » dans le titre de l’ouvrage intitulé « Le bureau des légendes – Politique du secret » ne constituait pas un usage à titre de marque dès lors qu’il ne servait qu’à identifier l’ouvrage en tant qu’œuvre littéraire autonome[1].

En revanche, le titre pourra se heurter à d’autres obstacles tels que :

  • l’existence de titres antérieurs identiques pouvant être protégés par le droit d’auteur s’ils sont originaux et donc à une action en contrefaçon;
  • une action en concurrence déloyale fondée sur l’imitation d’un titre antérieur ou sur le parasitisme juridique ;
  • une utilisation à titre de marque, notamment dans le cadre de la vente de produits dérivés.

Le dépôt d’une marque pour protéger un titre pourra quant à lui toujours être envisagé mais nécessitera une recherche d’antériorité préalable et un suivi rigoureux dans la mesure où il faudra renouveler l’enregistrement tous les dix ans et réaliser une surveillance.

Le Cabinet vous accompagne pour la protection des titres de vos créations et pour toute action contentieuse qui pourrait naître de leur utilisation ou de l’utilisation d’un signe qui leur porterait atteinte.

Par Julie Gautier, élève-avocate

[1] TGI Paris, réf., 16 Avril 2018, n°18/53176

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Julie Gautier

Avocate collaboratrice

Inscrite au barreau de Marseille depuis 2021, Julie possède un Master 1 en droit des affaires, un Master 2 en droit de la propriété intellectuelle ainsi qu’un DJCE. Ses expériences au sein de Cabinets d’avocats et d’entreprises comme le Groupe M6 lui permettent de saisir les enjeux complexes de la propriété intellectuelle et d’accompagner les créateurs et entrepreneurs dans leurs besoins en la matière.

Egalement médiatrice, cette compétence enrichit sa pratique du droit pour faciliter le dialogue en cas de conflit et favoriser des solutions amiables et créatives.

Passionnée par la transmission, Julie intervient en tant que chargée d’enseignement au sein du Groupe Mediaschool où elle enseigne le droit du numérique. Elle accompagne aussi régulièrement les étudiants dans leur orientation professionnelle via la plateforme Myjobglasses pour partager son expérience.

En parallèle de son activité, Julie a été membre élue de la Commission du Jeune Barreau de Marseille de 2021 à 2024 et est membre de plusieurs associations, dont :

Julie adore l’artisanat et la culture provençale, et aime participer à la protection de ces domaines. Elle pratique également le yoga et la randonnée, des activités qui renforcent la concentration et la persévérance, des qualités essentielles pour exercer la profession d’avocat.

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