Risque de confusion entre la marque HARI&CO et la marque antérieure HARI CRUNCHY

La disponibilité d’un signe à titre de marque est devenue rare au regard de la multitude de marques existantes et le risque de confusion difficile à appréhender par les déposants. Illustration avec la marque « HARI&CO » et la marque antérieure « HARI CRUNCHY » déposées pour désigner des produits alimentaires.

(marque déposée)

En 2018, la marque complexe « HARI&CO » a été déposée auprès de l’Institut national de la propriété industrielle (INPI) pour désigner notamment des « barres alimentaires à base de céréales ; plats cuisinés et en-cas salés ; préparations faites de céréales ; ects ».

(marque antérieure)

Une opposition a été formée à l’enregistrement de cette marque, sur le fondement de la marque internationale complexe « HARI CRUNCHY » désignant l’Union européenne et couvrant des « céréales pour le petit-déjeuner ; barres de céréales, ects ».

Le 1er mars 2019, le Directeur de l’INPI a rejeté partiellement la demande d’enregistrement de la marque « HARI&CO » au motif que ce signe imitait la marque antérieure et un recours a été formé pour obtenir l’annulation de la décision.

Dans son arrêt du 28 novembre 2019 (n°RG 19/02243), la Cour d’appel de Lyon confirme la décision du directeur de l’INPI sur le fondement de l’article L. 711-4 du Code de la propriété intellectuelle (CPI) et de la jurisprudence relative au risque de confusion :

  • Sur la comparaison des produits et services, elle juge que certains produits désignés par la demande d’enregistrement sont identiques ou similaires à ceux couverts par la marque antérieure de sorte que le public pourra les acheter dans les mêmes points de vente et leur attribuera une origine commune.
  • Sur la comparaison des signes les juges relèvent que le mot « CRUNCHY » de la marque antérieure renvoie au caractère croustillant du produit et que le terme « &CO » n’est pas distinctif. La Cour juge alors qu’au regard de l’impression d’ensemble, il y a un risque d’association dans l’esprit du consommateur de sorte que ce dernier pourrait attribuer ces deux marques, dominées par le terme distinctif commun « HARI » à une même société, peu importe l’absence de notoriété de la marque antérieure.

Pour rappel, l’usage dans la vie des affaires d’un signe identique ou similaire à une marque et utilisé pour des produits et/ou services identiques ou similaires à ceux pour lesquels la marque est enregistrée est interdit s’il existe dans l’esprit du public un risque de confusion incluant le risque d’association du signe avec la marque[1],c’est-à-dire si le public peut croire que les produits ou services en cause proviennent de la même entreprise ou d’entreprises liées économiquement »[2].

Cette décision démontre l’importance des recherches d’antériorités précises et préalables à tout dépôt pour éviter que la marque envisagée ne fasse l’objet d’une opposition ou, comme en l’espèce, d’une procédure judiciaire longue et couteuse.

Par Julie Gautier, élève-avocate


[1] Article L.713-2 du CPI

[2] CJCE, 28 septembre 1998, Canon : PIBD 1999, 3, p.28

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Julie Gautier

Avocate collaboratrice

Inscrite au barreau de Marseille depuis 2021, Julie possède un Master 1 en droit des affaires, un Master 2 en droit de la propriété intellectuelle ainsi qu’un DJCE. Ses expériences au sein de Cabinets d’avocats et d’entreprises comme le Groupe M6 lui permettent de saisir les enjeux complexes de la propriété intellectuelle et d’accompagner les créateurs et entrepreneurs dans leurs besoins en la matière.

Egalement médiatrice, cette compétence enrichit sa pratique du droit pour faciliter le dialogue en cas de conflit et favoriser des solutions amiables et créatives.

Passionnée par la transmission, Julie intervient en tant que chargée d’enseignement au sein du Groupe Mediaschool où elle enseigne le droit du numérique. Elle accompagne aussi régulièrement les étudiants dans leur orientation professionnelle via la plateforme Myjobglasses pour partager son expérience.

En parallèle de son activité, Julie a été membre élue de la Commission du Jeune Barreau de Marseille de 2021 à 2024 et est membre de plusieurs associations, dont :

Julie adore l’artisanat et la culture provençale, et aime participer à la protection de ces domaines. Elle pratique également le yoga et la randonnée, des activités qui renforcent la concentration et la persévérance, des qualités essentielles pour exercer la profession d’avocat.

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